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L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître
Désacraliser l’argent par le don
En tant qu’instrument, l’argent est utile à la vie économique, il est vain de le nier et de prétendre se passer d’argent. Mais il faut combattre sa puissance de fascination pour lui rendre sa vraie place.
Cela ne peut se faire ni par magie, ni par piété : cela implique un acte. L’acte de désacralisation de l’argent, c’est le don, c’est à dire l’acte inverse de celui pour lequel il est fait. Faire servir l’argent à la gratuité, c’est retourner l’argent contre lui-même, c’est détruire sa puissance.
Jacques Ellul
Dieu, nous ... et le don
Le don, c’est l’invention de Dieu pour libérer le monde de tous ses calculs, de tous ses esclavages, de toutes les morts.
Le don, c’est l’invention de Dieu, c’est une parole, un acte qui m’engage avec lui sur la voie de l’espérance.
Le don c’est le seul acte que je puisse accomplir pour bousculer le monde et recréer la vie.
Le don, c’est l’acte d’amour libre et libérateur ;
Il casse les spéculations, il déjoue les pronostics.
Il attaque les structures, il défie les intérêts.
Il échappe au contrôle de l’homme.
Et puis le don re-suscite l’espoir d’une vie possible, d’une fragilité partagée, d’une fraternité vraie, d’une responsabilité acceptée pour mieux habiter la terre.
Le don, ça s’apprend ?
Donner l’argent que l’on a gagné, ce n’est pas si facile ! On a toujours des tas d’idées pour l’utiliser pour nous. Et si on faisait l’expérience du don ?
Car le don est un acte d’amour et un acte libérateur.
Le don est un acte d’amour des autres. Même un petit don permet d’améliorer des situations humaines.
Le don est libérateur car il permet d’enlever le pouvoir d’achat de l’argent ; quand on donne, on ne possède pas plus de biens matériels. Donner libère de la tentation d’accumuler des biens. Donner permet de désacraliser l’argent.
Le geste de donner s’apprend, et si on essayait ?
Connais-tu des organismes qui reçoivent des dons ?
Personnages : Zachée (Z) , le narrateur reporter (N), la veuve (V), la foule (F), Jésus (voix off, J)
N : Je vais vous raconter l’histoire de Zachée.
Z (sortant d’une hauteur) : Hé, là, t’as payé pour causer ?
N : Euh, je ne crois pas… non.
Z : Et alors ?
N : Et alors l’écrivain est mort depuis longtemps !
Z : L’écrivain, peut-être, mais l’auteur non ! Alors voyons (il cherche machinalement dans un dossier) Évangile de Luc… Histoire vécue… Texte sacré… En plus vous faites au moins 1 mètre cinquante. Mmmmmmh ?
N : Ben oui, et alors ?
Z : Hé ! Ça risque de vous coûter cher en droits d’auteurs. Vous tenez toujours à la raconter ma vie ?
N : Je suis là pour ça non ?
Z : Bon ! Deux fois cinq égal douze, j’impose deux et je retiens tout. Signez ici, je vous envoie la facture. (Entre une veuve.)
Ah Madame... (il cherche son nom)
Euh, rappelez-moi votre nom déjà. Non, ça ira, de toute façon, ça m’est égal.
Que me vaut cette visite ?
V : Eh bien, je venais vous payer mon droit à l’erreur ??? Mais comme je viens de perdre mon mari…
Z : (à part) Vous n’aviez qu’à faire attention.
V pleurant:Je me suis dit, sûrement Monsieur Zachée fera un petit geste de bonté pour tout ce que je lui dois.
Z (en colère) : Ben voyons…
(par un habile système de poulies, il fait descendre un panier d’offrandes à hauteur de la veuve).
Demandez-moi de faire des entorses à la loi aussi, non ? Vous ne la trouvez pas assez boiteuse comme ça ?
V : (suppliante) : Je vous en prie ; je n’ai plus rien.
Z : Comment ça plus rien ? Mais il vous reste l’essentiel…
V (d’une voix étranglée) : Quoi ?
Z : La volonté d’en avoir plus !
V : Laissez-moi au moins Freddy, mon dernier chameau…
Z : Ne vous inquiétez pas pour Freddy, il sera heureux de servir son pays. Ainsi que vos trois fils d’ailleurs !
V : (surprise et horrifiée par cette décision inattendue)
Oh non… Monsieur Zachée, pas mes fils… Pitié !
N (excédé) : Oui pitié quoi !
Z (agressif, au narrateur) : Vous, taisez-vous !
(court silence. A la veuve) Que disiez-vous, vous ?
V : Pitié !
Z : Ah oui ! Eh bien, pas question… On sait ce que c’est… On vous laisse ça
(il montre le bout de son doigt)
et vous prenez ça ! (il montre son bras)
Allez circulez… ou je vous fais payer une taxe pour stationnement abusif et amende pour corruption de fonctionnaire…
N : bon ça suffit !
(au public)
Ce jour là, Jésus entra dans Jéricho, où une grande foule l’attendait.
(la foule entre).
F : (criant) JE-SUS ! JE-SUS !
N : Assez ! Et Zachée, le collecteur d’impots…
F : Collecteur d’impots, on aura ta peau … !
N : Vous réglerez vos comptes après !
Laissez-moi finir. Donc Zachée voulait aussi voir Jésus (Zachée descend de sa hauteur), mais il ne pouvait y parvenir à cause de la foule.
(celle-ci fait mine de frapper Zachée chaque fois qu’il s’approche).
De plus, ce haut fonctionnaire était si petit que, même avec des sandales à hauts talons, il n’arrivait pas à voir Jésus. Il décida donc de monter sur un sycomore.
Z : un syco… quoi ?
F (menaçante) Aux maorts !
N : Un arbre quoi !
Z : Volontiers (effrayé, il monte dans un arbre)
N:Et voilà le cortège fait, à l’instant, son entrée dans la ville…
Mesdames-z-et-Messieurs
Bonsoir… jésus est très entouré, comme à son habitude ; j’aperçois son ami Pierre qui lui glisse quelques mots… Peut-être lui reproche-t-il de ne pas avoir voulu prendre le chameau blindé. Selon le programme prévu Jésus devrait maintenant passer devant nos caméras… Ah mais le voilà qui change de direction. Il semble se diriger vers un arbre…
(plus bas)
Un syco quoi ? Ah un sycomore me dit-on !
J : Zachée, si tu ne et dépêches pas, tu vas être en retard.
Z : En retard de quoi ?
J : Pour notre rendez-vous.
Z (bégayant):Ah bon, on avait rendez-vous … Co-co-comment ça ? Où cela ?
J : Chez toi !
Z : Chez moi ?
J : Oui, je viens de m’inviter.
Z : Ah bon… Euh, tu préfères pas monter dans l’arbre ?
Tout le monde pourrait t’entendre au moins… Chez moi, tu sais, c’est un peu petit ; on va être serré….
J : Descends Zachée, aujourd’hui, c’est chez toi que je viens.
(tout s’éteint et s’éclaire à nouveau)
N : Voilà près de trois heures que Jésus est entré dans la modeste villa de l’inspecteur des impôts. La foule commence à s’impatienter. Mais justement, le voilà qui sort de chez lui ! Je crois que nous allons enfin en savoir plus sur cet entretien. Monsieur Zachée, en tant qu’inspecteur des impôts va sûrement nous faire une petite « déclaration »… Eh bien,
Monsieur Zachée, vous venez de passer près de trois heures avec l’un des hommes les plus influents de Galilée. Quelles sont vos premières impressions ?
(Zachée ne dit rien. En pleurs, il se mouche).
Monsieur Zachée a visiblement l’air très ému.
Z : oui je suis ému, très ému. Parce que malgré tout, je suis aimé.
Je suis très ému, très aimé.
F : on aura ta peau !
N : Mais vous n’êtes pas aimé par tout le monde…
Z : C’est vrai ! J’étais véreux… mais alors véreux … ! Mais maintenant j’irai vers eux. Je leur rendrai ce que je leur ai volé. Je multiplie par quatre et je ne retiens rien. (à la foule)
Tout pour vous, rien pour moi. Je vous dois bien ça !
N : Et bien, voilà, nous rendons l’antenne sur ce tableau émouvant. Vous venez d’assister, en direct, à un miracle des plus surprenants. Jésus a aujourd’hui transformé un collecteur d’impôts en distributeur… automatique.
A vous les studios.
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acheter | Acquérir avec de l’argent |
bonheur | État de satisfaction, de bien-être |
benediction | Grâce accordée par Dieu, action de bénir |
desacralisation | Fait d’enlever le caractère sacré, le fait de ne plus vénérer |
don | Offrande |
esclavage | État de ceux qui sont soumis, accros à quelque chose. |
fascination | Attrait irrésistible pour quelque chose |
idole | Quelque chose, quelqu’un que l’on va adorer, vénérer autre que Dieu |
joie | Vive impression de plaisir, de bonheur |
liberte | État opposé à la captivité, à la contrainte |
partage | Le fait de distribuer, de donner, le contraire de garder pour soi |
profit | Gain tiré d’une affaire que l’on a fait fructifier |
richesse | Abondance de biens, prospérité |
Seigneur, c'est Toi qui nous donnes l'eau nécessaire à la vie, l'air que nous respirons, la beauté des fleurs, la fraîcheur et l'ombre des arbres,les légumes, les fruits, les céréales pour faire le pain et la nourriture.
Seigneur, c'est Toi qui nous donnes le sens de la vie, l'espérance, la paix, la joie, l'amour.
Seigneur, c'est Toi qui Te donnes en Jésus sans que je le mérite. Tu m'aimes tel que je suis. Tu pardonnes ma faiblesse, mes difficultés à Te suivre et à Te faire confiance.
Dans notre monde, où tout se paye, s'achète, se vend, s'échange, donne moi, Seigneur, de recevoir et donner gratuitement, avec joie et librement, sans calcul, sans penser à un intérêt ou un profit.
Libère-moi de la fascination et du pouvoir de l'argent, et qu’à la suite de Jésus j’apprenne à partager.
Amen